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ECHOES

Et si, pour nous rappeler à l'exigence de vérité, nous accrochions chacun, une machine dans notre salon ? 

— Julie BIRMANT​

33 ans de lessives dans un couloir, 2024​​

Pour l’époque et même encore maintenant c’est une provocation : l’artiste sort de la buanderie où la vie de famille la confine. Elle entreprend alors de peindre sur des formats assez importants des séries de machines à laver débordant de linge sale, ou propre, ou essoré, avec des couleurs criardes.

— Yves Michaud

Les nouvelles Pionnières, Dans les ateliers des femmes artistes du XXI siècle.
Photographie de Catherine Panchout. Éditions El Viso, 2025.

Les petites images, elles aussi, sèment des graines d’éternité – état de la vie qui ne connaît pas l’entropie. La transposition, opérée par Anne Sedel, de photos de famille en dessins au crayon sur des morceaux de planches, est un défi aux lois de la disparition. En changeant de support, en passant du papier photographique, lisse et périssable, au bois, rugueux et non moins dégradable mais portant une espérance de vie plus longue, les images d’un ancêtre fixé dans son enfance, les images d’un enfant dans les bras d’un parent,les images d’un visage sortant de la mer, etc., changent de statut, mieux : se réincarnent.​

— Jean-Paul FARGIER​

Arrêter l'entropie, 2017​​

La machine s’est arrêtée : fin de cycle. Arrêt sur image. Mais voici que resurgit la profondeur de champ.  Dans les volutes du linge qui s’échappe du gouffre se lit la trace de l’eau en flux dont l’énergie bouillonnante les a tordues et, qui, dans son immobilité même, est riche encore de sa course. Métaphore de la mémoire, toujours en chemin et à chaque instant figée… 

— Jean-Noël JEANNENEY​

Fin de cycle, 2022​​

Telles les illustrations précieuses d’un manuscrit médiéval qui se révèlent au fil des « heures », les miniatures d’Anne Sedel prennent vie au cours de l’installation, nous enveloppant peu à peu de leur mosaïque colorée où vibre la poésie insoupçonnée du quotidien

— Anne Malherbe​

2020​​

Anne Sedel privilégie le petit format, celui du téléphone portable. Si la miniaturisation confère une certaine préciosité à ces saynètes, elle offre simultanément une mise à distance, un filtre qui protège ce monde intime des regards indiscrets. La prouesse du petit réside dans sa capacité à exister tout en se faisant oublier. Contrairement à l’héroïsme du grand format, la miniature ne force pas le regard, elle s’impose en douceur. On comprend dès lors le rapport particulier que les artistes femmes entretiennent avec le petit format. Je pense notamment aux Gorgeous Nothings de la poétesse Emilie Dickinson, ces poèmes qu’elle rédigeait sur des petits bouts de papier ou des enveloppes usagées et qu’elle conservait sur elle, à portée de main. Peut-être avaient-ils une fonction d’amulette, de surface protectrice et désinhibante, propice à l’acte vertigineux de création.  

— Callisto MC NULTY​

L'Artiste blanchisseuse, 2020

intime  araignée inversée de

louise à laver le linge         

encore et toujours    sale   

sali      

                      salade 

de la famille           c’est-à-dire 

      la machine à laver le linge   

gueule elle

      dégueule 

dégorge à sec   

gorgone    éructe l’objet 

           que l’œil béant a pétrifié

— Philippe MADEC​

Une machine à laver, 2013

 Anne Sedel applique des techniques de miniature au format de l’objet roi de la dernière décennie, le smartphone, cet immense triomphe du design industriel, cet appareil magique promettant à tout à chacun de devenir soi-même artiste. Ce qui paraît acquis et donné est le cœur de la vie, rappelle opportunément les miniatures à un moment où chacun manipule l’image pour mettre en scène une vision factice de la belle vie, comprise comme la participation à un univers consumériste formaté. Le choix du dessin fixe le regard et restaure le temps, la présence au monde que la photographie permanente des smartphones écrase et dilapide. 

— Olivier NAMIAS

Franchir la ligne, 2021

La puissance de l’œuvre d’Anne, c’est qu’elle nous prend par nos sentiments. Ses petits objets pénètrent nos propres survivances enfantines dans notre mémoire. La représentation de ses objets du quotidien, d’une vie simple, des siens, tapisse notre monde immatériel. Il y a quelque chose qui nous parle dans ses incarnations, ses apparitions ineffables. Nous pensons ensemble le monde et dans le chaos de l’univers, nous l’aimons pour cela.

— Marie-Pierre ZAVAN​

De l’œuvre d’Anne, 2024

© 2025 Anne Sedel

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